Entre ciel & terre { with Reizo }

Un cri déchira la nuit, perturbant le silence d'argent que la lune déversait sur la forêt. Que faisait-il là, ce cri...Qui osait ainsi briser le douce brise fraiche qui soufflait jusqu'aux oreilles de Reizo...
Le jeune homme, assis sur la souche moisie d'un arbre mort et abattu, chassa la silhouette fantomatique vaporeuse qui hantait son regard. Ce n'était vraiment pas bon, de rester là à ne rien faire, et l'inactivité lui faisait plus de mal que de bien. Le flot de regrets qui menaçaient de le noyer à chaque fois qu'il se posait ainsi dans le calme de la nuit, n'était maîtrisable que si un flot d'adrénaline pouvait le dépasser. Comme ces heures, passées, lointaines maintenant, pendant lesquelles la contemplation...
Mais c'était un cri ! L'information avait bien faillit ne jamais arriver jusqu'au cerveau de Reizo, qui renfermé sur lui même en avait oublié la signification même d'un son aussi strident. A force de se plaindre de l'ennui, il avait presque loupé cet appel, ce signe. Quelque part, non loin de lui, dans la forêt, il se passait quelque chose. Sans plus réfléchir, et s'armant d'un semblant de sens de l'orientation, Reizo s'élança dans la forêt d'un pas vif, l'oreille aux aguets. Il était décidé à trouver qui avait émit un son aussi perçant et horrifié.

Les arbres défilaient autour de lui dans une succession de traces brunes et sombre. La nuit, si tous les chats sont gris, la forêt l'est tout autant. Il était presque impossible de distinguer un tronc d'un autre, et par trois fois le jeune garçon manqua de se prendre une branche prédatrice en pleine figure. Leurs longs doigts crochus attrapaient son blouson noir, comme cherchant à le retenir. Quel que soit le danger qui menaçait, il était évident qu'il avait la nature et la nuit de son côté.
Reizo se prit les pieds dans une racine proéminente et se rattrapa de justesse aux vestiges d'un muret recouvert de mousse humide. Il y avait dans l'air une lourdeur incomparable. Ne sachant plus où donner de la tête, Reizo guetta encore le bruit. Comment s'orienter, comment trouver la scène...Le cri avait été trop bref, et déjà les échos se perdaient au milieu des feuillages d'hiver de la forêt.

Un rayon de lune perça à travers les nuages, froid, glacé même, et se reflétant dans les yeux pourpres de Reizo, l'astre de la nuit illumina un bref instant une silhouette pâle à en faire peur, à une dizaine de mètres de là. Avant que le jeune homme ne puisse penser quoi que ce soit, l'image d'un cadavre canin à la gorge ouverte en une plaie béante lui sauta aux yeux. Le chien...
L'image s'imposa une fraction de secondes, et la raison, boostée par l'adrénaline, chassa cette idée absurde, ce fantôme qui n'avait rien à faire ici. S'approchant d'un pas vif, Reizo ne put qu'analyser plus correctement la scène. Prostrée sur le sol une jeune fille, à la chevelure d'un blond radieux, regardait un garçon lui embrasser la main à pleine bouche. La scène aurait put être d'un romantisme mortel. Mortel était bien le mot, d'ailleurs. Car il y avait dans les fils dorés composant la chevelure de la jeune fille, une large trace sombre, du sang à n'en pas douter, et un liquide semblable lui coulait le long du poignet dans un filet élégant et lugubre.

La première chose se trouvant à la portée de Reizo étant une pierre, il s'en empara sans plus attendre et en frappa le crâne de la créature aux pulsions cannibales. Ce dernier, tout plongé qu'il était dans la dégustation du sang de sa pauvre victime, n'avait pas esquissé le moindre geste à l'approche du nouvel arrivant, et s'était contenté de poser sur lui d'authentiques yeux écarlates et luisants. Reizo songea qu'il était effrayant.
Sans doutes dépassé par les évènements, ou simplement trop vorace pour agir correctement, le type se prenant pour un vampire grogna et montra les crocs, comme un fauve mécontent qu'on interrompe son festin. C'était d'ailleurs probablement le cas.
Un bras solide et détermina attrapa la jeune fille à moitié consciente, et la portant avec prudence et maladresse, il s'en fut sans demander son reste, pressé de s'enfoncer plus loin dans la forêt pour échapper au sadique à la bouche pleine de sang. De tels monstres n'étaient pas sensés exister, c'était tout simplement impossible.
Courrant à en perdre haleine, et les yeux balayant le chemin en face de lui pour ne pas trébucher, Reizo demanda d'une voix inquiète à la jeune fille qu'il portait :

-Est-ce que ça va ? Tu peux m'entendre ?

Le cœur boosté à l'adrénaline de Reizo manqua un battement lorsque le hurlement d'un loup déchira les ténèbres. Ce n'était pas fréquent de croiser la route d'un tel animal, d'autant plus que l'orphelinat se trouvait sur une île...comment un canidé sauvage aurait-il pu atterrir ici... l'idée que ce ne soit qu'un simple clébard errant effleura l'esprit de Reizo, alors que de nouveau l'image du cadavre blanc égorgé sur le bas côté de la route menaçait de venir perturbé sa concentration.
Il devait se focaliser sur le chemin qu'il empruntait, pourtant. Éviter les racines, garder un œil sur la jeune fille entre ses bras, éviter les branches basses, et surtout ne pas laisser l'autre taré derrière les rattraper. Ce dernier criait, et ce qu'il disait ne présageait rien de bon. Quoi, « sale humain », ne l'était-il pas lui même ? Et avec tout le sang qui lui barbouillait le visage, il était sans aucun doute le plus sale des deux.

Un son faible s'immisça entre les sifflements du vent aux oreilles du jeune homme en pleine course, le murmure plaintif d'une demoiselle en détresse. Elle disait avoir froid...
Rien de moins étonnant, puisque quelques maigres flocons venaient se poser sur ses joues pâles, sans fondre, s'agrippant à la surface glaciale du visage de l'inconnue. Elle semblait vraiment en mauvais état, il s'agissait de faire vite ! Fuir cette forêt, retourner au bâtiment et la confier aux infirmières.
Les yeux baissés une fraction de seconde sur le corps frêle de la jeune fille, Reizo ne vit pas la pente qui se profilait devant lui, et emporté par son élan et par le poids des deux corps, il tomba en avant, roulant, butant contre un arbre ou deux avant de terminer sa course contre un tas de terre, quelques mètres plus bas. Rampant en grimaçant, et tenant toujours la belle blonde entre ses bras, il se faufila sous un épais buisson dont les feuillages masquerait sans aucun doute les deux jeunes gens.

Quelques secondes passèrent, et se transformèrent en minutes. Il n'y avait plus que la respiration haletante de Reizo, et ses battements de cœur tellement bruyant, résonnant dans ses tympans... Le fou cannibale semblait s'être éloigné. Ils allaient avoir un peu de répis. Juste le temps de vérifier que la longue chute n'avait pas encore plus blessé la jeune fille.
Posant une main griffée par les branchages sur la joue de l'inconnue à moitié consciente, le jeune homme observa sa respiration. Il était inquiet et culpabilisait d'avoir été si maladroit. Elle avait vraiment pas l'air bien. Ses cheveux dorés platines étaient parsemés de feuilles mortes, collées dans le sang, et sa pâleur faisait peine à voir. Sans compter son poignet ouvert en une plaie sanguinolente.
Il ne fallait pas qu'elle reste ainsi inconsciente pourtant. Il fallait qu'elle ouvre les yeux, qu'elle lute encore un peu.

-Hey...Réveille toi... murmura t-il en lui caressant chaudement la joue dans l'objectif de la réchauffer.

Il n'avait aucune notion de soins de premier secours. Les gestes qui sauvent, et tout le blabla, c'était pas pour lui. Il avait séché les stages de secourisme au lycée. À 18 ans maintenant, il était incapable de savoir ce qu'il devait faire. Alors il suivait son instinct et frictionnait délicatement les joues de la jeune fille.
Il essuya du revers de la main une goutte de sang qui coulait le long de sa tempe. Bien maigre blessure comparée à celle de la blonde. Mais la pluie l'ayant fait rouler jusqu'à sa joue le tira de ses réflexions. Et voilà que la neige fondait en traversant l'atmosphère, se changeant en une pluie fine et désagréable. Les branchages superficiels du bosquet d'arbres où les deux jeunes gens étaient réfugiés laissaient filtrer de grosses goutes de temps à autres. Nul doute que si il s'en sortaient, le lendemain allai être très pénible.

-Merde...!

La situation d'abord inhabituelle et curieuse, tendait à sombre dans le catastrophique. Pour la première fois de sa vie Reizo regrettait vraiment d'avoir séché ces foutus leçons de secourisme. Il était là, à se demander ce qu'il fallait faire, alors que la vie semblait s'écouler du corps blanchâtre de l'inconnue.
Cassant une branche ou deux pour dégager l'espace autour d'eux, et l'allongeant près de lui, sous le couvert des buissons, Reizo dézippa son blouson noir. Les feuillages trempés faisaient rouler de grosses gouttes dans ses cheveux, et il grimaça en retirant son polo gris. Il faisait vraiment très froid. La température avait certainement un peu remonté, puisqu'il ne neigeait plus. Mais c'était loin d'être satisfaisant. Tant pis.
Sans se préoccuper de sa propre condition le jeune homme noua son vêtement autour du poignet de la frêle blonde. Il n'hésita pas à serrer un peu plus que nécessaire, elle n'allait pas s'en plaindre, et mieux valait être sûr de stopper hémorragie.

Elle était belle...C'était étrange de faire une telle réflexion alors que du sang suintait de sa lèvre, maculant son menton. C'était étrange de considérer que cette frêle jeune fille à la chevelure en pagaille et salie par la terre, les feuilles et le sang brunit, puisse être belle. Et pourtant il avait suffit que Reizo croise son regard gris surprenant pour qu'il lui trouve de nombreux attraits.
Il ne s'attarda pas à sa contemplation, cependant. Déjà, ce n'était pas son genre de fondre devant une sublime paire d'iris. Il était un peu rustre avec les filles en général, comme si ce n'était qu'un amusement parmi tant d'autres. Déployant son blouson en toile pour envelopper la jeune femme blessée, il prit cette dernière dans ses bras, dans le maigre espoir de la réchauffer un tant soit peu. Sans doute l'idiot ne se rendait pas compte que lui même était gelé. Concentré comme il l'était sur le souffle chaotique de sa protégée, il faisait abstraction de la chair de poule qui hérissait sa peau nue.

Encore quelques minutes...Après, il se lèverais et, certain que l'autre fou aux pulsions sanguinaires ne reviendrait pas, il accompagnerait la fille à l'infirmerie. Il partirait sur la gauche, près du grand chêne. C'était certainement la bonne route. A moins que, dans sa soudaine panique et à cause de sa chute, il ne se soit perdu.
Ce serait vraiment une mauvaise nouvelle.

Écoutant la cascade de gouttelettes tombant les unes après les autres sur les feuillages environnants, Reizo cherchait à comprendre. Le psychopathe lui occupait l'esprit, et quand il sortait de ses réflexions, ce n'était que pour se focaliser sur la blonde entre ses bras.
Il était temps de partir, enfin. Il le sentait. La menace qui planait sur eux quelques secondes plus tôt semblait avoir disparut. Lentement, soufflant des nuages de buée en exhalant, le jeune homme sortit la tête d'entre les buissons où ils étaient cachés. Quelque chose se tourna vers lui et braqua ses pupilles sombres et brillantes dans sa direction. C'était un animal, un vrai. Un gros chien au poil hirsute et sombre, qui le dévisagea comme si...il le cherchait.

Pendant quelques secondes le garçon aux faux yeux rouges et le loup se regardèrent l'un l'autre, sur la défensive. Et puis, la bête s'en fut, et on aurait put croire qu'il y avait dans son regard une lueur d'amusement...
Le silence recouvrit le corps des deux jeunes gens, pendant que Reizo avançait sur ce qui semblait être un chemin. Combien de menaces planaient encore dans cette maudite forêt ? Soucieux, il baissa les yeux vers le corps de la demoiselle entre ses bras. Elle avait l'air calme. Peut être un peu trop calme.

Perdu.
Des arbres à gauche, des arbres à droite. Une bourrasque, et le décor change. Des arbres à droite, des arbres à gauche. Un buissons de houx...Ne l'ont-ils pas déjà croisé ?
Perdu.
La lune perçait à travers les branchages de temps à autres, heurtant la rétine humide de pluie de Reizo. Le temps se dégradait définitivement, et bientôt il n'y eut plus que la pluie, le vent, et la forêt.
Plus de chemin, plus de sentier, que de la végétation trempée par la neige fondue, et un sol boueux sur lequel Reizo manquait de déraper à plusieurs reprises. Il n'avait aucune idée de la direction à emprunter, et le paysage ne lui disait rien du tout.
Perdu.
Heureusement, il y avait cette étincelle, cette lueur d'espoir qui avait luit dans le regard de la belle jeune fille. Ses joues pâles avaient reprit un semblant de couleur, rougissant sans aucun doute à cause de l'afflux de sang, et de vie, dans ses veines. L'hémorragie était donc partiellement arrêtée, voilà qui était une bonne nouvelle.

Errant dans la forêt sans savoir vraiment où aller, ni même si il marchait bien en ligne droite, le jeune homme avait de plus en plus de mal à distinguer ce qui l'entourait. La réalité le frappa violemment : ils n'étaient pas prêts de rejoindre les dortoirs. La nuit, comme un voile couleur encre parsemé d'étoiles invisibles à cause de l'épaisse couche de nuages, était lourdement tombée sur l'île.
La nuit, un ennemis de plus. Après le mauvais temps, la forêt, le psychopathe et le loup, voilà que les heures coulaient sans leur laisser le moindre recourt.
Essoufflé par sa marche rapide, frissonnant au contact de l'eau ruisselante sur son dos nu, Reizo sentait une colère sourde monter en lui. Colère contre lui même, et contre ce cinglé qui avait attaqué la fille dans ses bras.
Si il n'avait pas eu peur de réveiller cette dernière, le jeune homme aurait poussé une injure ou deux, pour palier à sa frustration.

Avisant ce qui ressemblait à un tas de cailloux couverts d'une mousse spongieuse, Reizo enveloppa précautionneusement l'inconnue dans sa veste noire, et la posa délicatement dessus. Puis fouillant dans sa poche, il en tira son téléphone portable. Il avait l'intention de demander de l'aide à quelqu'un, le tout était de savoir qui appeler. Ganju n'aurais aucun moyen de lui venir en aide, par exemple.
Restait la police. Il enverraient peut être quelques hommes partir à leur recherche. Oui, il trouva l'idée plutôt bonne.
Reizo composa le numéro adéquat, ses yeux ocre posés sur le belle blonde.

-Oui allô monsieur. Mon nom est Reizo Fuusaki, et je suis perdu en forêt avec une jeune fille qui a besoin de soins d'urgence.

Quelques minutes plus tard, Reizo appuyait sur la touche rouge de son mobile, coupant la communication. D'après son interlocuteur téléphonique, une équipe allait être envoyée en forêt sur le champ.
Restait à savoir combien de temps ils allaient devoir rester là comme ça.
Le jeune homme prit de nouveau sa protégée dans ses bras, et s'installant dos au tas de pierre, il la posa contre lui. La roche moussue irritait sa peau nue, et ses cheveux dégoulinant de pluie lui masquaient à moité la vue. Mais la frêle chose entre ses bras semblait en meilleurs état qu'un peu plus tôt dans la soirée, et cette pensée le réconforta.

Soufflant des nuages de buée lentement, au rythme de sa respiration profonde, le visage ruisselant de pluie mêlée de sueur, Reizo essuya doucement, presque avec la tendresse d'une mère pour son petit, la joue trempée de larme et brûlante de fièvre de la jeune fille. Ses paroles, faibles, incohérentes, sortaient hors de sa bouche rose et pâle comme des supplications. Elle semblait perdue dans un mauvais rêve, se plaignant et s'agitant entre les bras du jeune homme, qui se trouva dépourvu face à la détresse de sa protégée.
Qu'était-il sensé faire...Devait-il la réconforter, la serrer contre lui en lui murmurant des paroles réconfortantes ? Ou la secouer pour qu'elle se reprenne ? D'instinct, c'est la deuxième option qu'il aurait choisit : Reizo n'était pas du genre à s'émouvoir, surtout pas pour une inconnue.
Et pourtant, sa raison lui intimant que le premier choix était le bon. Il raffermit son emprise sur le corps frêle de la douce jeune fille, observant de ses yeux sombre son visage froissé par la peine, et chuchotant doucement des mots imperceptibles, il essaya de la calmer.

Il n'arrivait pas à imaginer ce qui pouvait passer dans la petite tête blonde. Un cauchemar, sans doute. Ou le souvenir douloureux de quelques instants passés, profitant de la maigre défense de l'inconnue blonde pour remonter à la surface de son esprit conscient.
Un peu comme les spectres blanchâtres qui clignotaient au coin de l'oeil de Reizo. La fatigue, l'afflux soudain d'adrénaline, la peur, le stress surtout, et l'apréhension, le tout mêlé d'incompréhension, rendait facilement imaginable les pseudo hallucinations dont il était victime. Mais ça comptait peu, à cet instant précis. Il avait au fil des jours construit une sorte de blindage contre cette vision d'horreur, et se concentrer sur la jeune fille blottie dans ses bras lui permettait d'oublier le reste. C'était là le secret : se focaliser sur quelque chose, se raccrocher à ce qui avait de l'importance.

Dans le silence de la forêt, chaque goute de pluie s'écrasant sur les feuillages faisait autant de bruit que le battement des tambour de guerre. La tension était à son maximum, Reizo en était conscient. Ce qu'il avait prit pour un simple bois sauvage entourant l'orphelinat était devenu bien plus lugubre sous les rayons de la lune.
Ce qui frustrait le plus le jeune homme ruisselant de pluie, ce n'était pas de ne pas comprendre la situation. Un malade mental sanguinaire qui ère dans la forêt, pourquoi pas. C'était presque inconcevable, mais c'était un fait. Un loup plongeant en lui ses yeux luisants, avant de s'éloigner comme tout à coup désintéressé, ça passait encore (la nature à ses raisons, et ce serait se vanter que de prétendre tout y comprendre). Non vraiment ce qui frustrait Reizo c'était de ne pouvoir rien faire d'autre que d'attendre les secours. Il détestait devoir s'en remettre à quelqu'un d'autre qu'à lui même. Sa vie n'était qu'une suite de fuite, et d'apprentissage auprès des autres, mais toujours par lui même. Observe, retient, imprègne toi de ce que tu vois et met le en application. La ville est dangereuse, mais quitte à vivre dangereusement on pouvait s'en faire une alliée de choix.
Or la Forêt était bien différente. Et Reizo était plus que démuni dans cet environnement qui lui était étranger. Il ne pouvait qu'attendre, quelqu'un, quelque chose. Des secours.

Un bruit sembla de nouveau percer le silence tonitruant de l'averse qui s'abattait sur l'étrange duo. Reizo posa son regard brun rougeâtre sur les environs, cherchant d'où cela pouvait bien venir. Et surtout, il se demanda si c'était hostile, ou au contraire le signe que quelqu'un venait enfin les aider à sortir de ce pétrin.
Mais il était un peu tôt, les secours n'étaient pas si rapides, n'est-ce pas ? Ce n'était qu'un moyen de se raccrocher à l'optimisme, et d'espérer. Ce n'était sans doute qu'un animal fuyant la pluie, tout simplement.
L'eau qui tombait du ciel d'encre en un flot continu lava les trainées sombres et sanglantes sur la peau de porcelaine de la jeune fille tremblante. Les gouttes transparentes qui reflétaient de temps à autres le pâle halo de la lune soulignaient les courbes du visage de la blonde, et roulaient le long de ses joues en se mêlant aux larmes. Elle était comme une nymphe blessée, une douce créature fantastique, et Reizo se demanda si elle n'appartenait pas à cette forêt mystique.